Pierre Perret
Drôle de poésie !
Drôle de poésie !
Après deux très bons albums, Pierre PERRET nous revient en 2014 avec ce Drôle de Poésie dont le titre pourrait presque servir d’enseigne au chanteur, tant il décrit bien les deux aspects de son expression : la tendresse poétique et l’humour souvent égrillard. Il n’y a guère que sa facette citoyenne qui soit occultée ici.
Lors de la première écoute de ce qui peut être considéré comme son vingt-huitième album, la première impression qui nous vient est que le son est toujours aussi bon et clair que par le passé, et que le chanteur a opté pour une orchestration un peu pompeuse qui apporte une ambiance évoquant parfois de la 'musique de film, symphonique'. Celle-ci a été confiée au chef d’orchestre Frédéric Manoukian et cette tendance est particulièrement sensible sur le morceau d’ouverture, "Pas très belle".
Ce choix artistique n’est pas forcément des plus heureux, car il concourt à trop harmoniser, à lisser, les chansons d’un album qui de ce fait manque cruellement de relief. Il n’y a guère que le plus enlevé et entraînant "Ronde Macabre" qui se singularise du lot.
Pourtant, on retrouve bien dans Drôle de Poésie la diction claire et malicieuse de Pierre PERRET, tout autant que la plume alerte qui a fait sa renommée. Mais celles-ci ne bénéficient malheureusement pas d’un accompagnement musical à même de les mettre réellement en valeur.
En effet, même si certains textes sont très intéressants, à l’image de "Lola" qui explore les rouages du fonctionnement de la relation de couple, on a plutôt tendance à s’ennuyer ferme du fait de ce fond sonore musical qui s’apparente plus à un accompagnement sans beaucoup de saveur qu’à un moyen d’enrichir et de valoriser le chant. Sans aller jusqu’à qualifier cela de 'Pompe', il faut reconnaître que la musique manque ici clairement de personnalité et d’allant.
Malgré cela, l’album comporte quelques très bons moments, à l’image de l’émouvant "Si tu t’en vas", du tendre "L’arbre si beau", ou bien du déjà mentionné "Ronde Macabre". Mais cela est bien trop peu pour faire de cet album une réussite.
Notamment car, à côté de cela, il y a bien trop de morceaux dispensables, voire même sans aucun intérêt comme cela peut être le cas avec "La philosophe" et "Salade mythologique", deux titres dans lesquels Pierre PERRET se lance dans un exercice de style au résultat vain et pataud. Il s’agit de détourner des mots d’une famille lexicale pour en faire des calembours. Mais le rendu est bien souvent affligeant. Jugez plutôt : Elle fit le grand Icare et je lui vulcain, Pollux comme un Castor elle Circée poils afin qu’ils Narcisse.
Une des chansons, "Frontier mail", a une histoire amusante. C’est la mise en musique d’un poème de Jacques DUBOIS, un auteur dont Pierre PERRET n’avait pas retrouvé la trace et qu’il cherchait à recontacter pour lui faire écouter le résultat de son travail. Pour se faire, il avait posté sur son Facebook le message suivant : Je cherche désespérément l’adresse d’un poète, sans doute octogénaire aujourd’hui : nommé Jacques Dubois. Il était parisien dans les années 1970 – 1980 et a publié à compte d’auteur un ouvrage de poésies intitulé Zone bleue. J’ai mis en musique l’un de ses poèmes et voudrais simplement lui faire entendre ce qui est à présent devenu une chanson.
Difficile de savoir pourquoi Drôle de Poésie est en grande partie aussi inintéressant, alors que son prédécesseur et son successeur sont eux assez réjouissants. Mettons cela sur une erreur de parcours passagère. Un petit écart qui ne doit pas entacher une carrière qui en comporte très peu.
Un album à glisser discrètement sous le tapis rouge où il retrouvera Cuvée 71 et Ce Soir C'est Fête - Coeur Cabossé.
Source : Nestor – Forces Parallèles / Nightfall
Date de sortie
20/10/2023
Référence du disque
ADEL41
N° de code barre
3760063731996
cd 12
Album numérique 12 titres
Existe en version numérique uniquement